Les
Black Blocs
La liberté et l’égalité se manifestent
Les
Black Blocs qui participent régulièrement aux manifestations d’opposition à la
mondialisation du capitalisme y ont acquis une certaine notoriété, principalement
en raison de la force qu’ils y déploient occasionnellement contre les médias
officiels publics ou privés, les symboles du capitalisme et les policiers.
Mais
cette renommée est entachée par la haine et le mépris que leur vouent leurs
très nombreux détracteurs : les politiciens, les policiers, les
intellectuels de droite, des journalistes, des universitaires ainsi que
plusieurs porte-parole du mouvement anti-mondialisation.
Toutes
ces critiques s’entendent pour dénigrer les participants aux Black Blocs, et
tout autre manifestant ayant recours à la force, les dépeignant comme des
individus dénués de convictions politiques et qui ne participent aux
manifestations que dans l’unique intention d’assouvir un désir viscéral de
destruction. Du politicien au policier, en passant par l’idéologue capitaliste,
le bon manifestant, la « porte-parole » du mouvement
altermondialiste, l’éditorialiste, le journaliste et même l’analyste
communiste, tous partagent ici les mêmes sentiments et les mêmes conclusions. À
ce discours unanime ne manque pourtant qu’une voix, celle des personnes ayant
participé à des Black Blocs. La réalité devient à la fois plus complexe et plus
intéressante lorsqu’on accepte de prêter l’oreille à leurs discours, un effort
qui permet de mieux comprendre ce phénomène, ses origines, sa dynamique, ses
objectifs, ses faiblesses et ses succès.
Francis
Dupuis-Déri a milité dans des collectifs de
sensibilité anarchiste au Québec et en France. Il est chercheur en science
politique à Montréal. Il collabore au Monde libertaire, et il a signé des
articles dans diverses revues (Agone, Réfractions, etc.) ainsi que deux romans
à saveur politique.