J'ACCUSE

 

« J'aime les grands contempteurs car ils sont les flèches du désir vers l'autre rive » (Nietzsche)

 

Et c'est ainsi que ceux qui nous paraissent grands le sont parce que nous sommes à genoux.

Debout, hommes de la terre, devenez enfin ou encore ce que vous êtes : des hommes ! Essayons encore de nous parfaire hominiens entre nous, et non plus lupus de l'un à l'autre, comme il est dit et pratiqué dans cet espace planétaire pluriquotidien, où il est d'évidence que l'homme a autant de raisons d'être bon que son contraire, ne pratiquant souvent cette raison d'être qu'à contrario de l'Etre de raison qu'il conviendrait.

Pour évoquer la condition humaine autrement que par le truchement littérateur et même philosophique, pensez-vous que la sacro-sainte « Raison d'Etat » soit bien conforme à l'état de raison ?

L'impérativité étant dans l'accusation et partant, dans la revendication : J'accuse l'Etat prétendu garant de l'état de droit de faillir à ses devoirs, et les plus fondamentaux même, quand ce ne serait que ceux instruits par la Déclaration des Droits de l'homme, stipulant que nous sommes tous égaux devant la loi. J'accuse cet état de fait dont la responsabilité directe revient à l'Etat. J'accuse la politique étatique de n'être que ce qu'elle est, une oligarchie politicarde à des années lumière du sens « politis » du terme grec et dont la pratique serait au service de la cité.

J'accuse le Nationalisme érigé en Front commun de pensées, de comportement, et qui prône dans ses flatulences et rôts ponctuels, l'exclusion, la discrimination, la manipulation, la domination, l'exploitation , l'effraction des consciences, l'infraction du droit social, économique, civil, pénal... J'accuse cette même oligarchie de nous contraindre à la pensée unique et télécrate par induction de planification culturelle, sociale, économique, historique.

J'accuse la perversion phallocrate qui, depuis des millénaires, nous oblige dans la pornographie dominante des rapports homme-femme. J'accuse le poète qui prétend que la femme est l'avenir de l'homme alors que celui-ci ne conçoit que le seul rapport culaire avec la féminité de cet individu identifié au 3615 de tous les désirs fantasmatiques et cul­turels. J'accuse la femme dans son rapport prostitutionnel à l'homme. J'accuse la mondialisation qui va de Maastrich au Waterloo de toute intelligence sociale et humaine.

J'accuse ces manipulateurs intellocrates pontifiant par livre noir et bordant le lit de la Pensée Unique où se vautrent les certitudes conformes de la sénescente facilité. J'accuse nos éducateurs d'être éducastreurs des forces vives de l'espoir et de sa pratique revendicatrice. J'accuse ce Dieu d'être patron et patrie, et ses apôtres patriotes. J'accuse ces Saints et patrons à ne pouvoir être ces seins nourriciers de la pensée humaine. J'accuse le désespoir, s'il n'est autrement perçu que comme la forme supérieure de la critique et qu'il convient d'appeler bonheur. J'accuse l'amour lorsqu'il est comptable d'une réciprocité, donc commerciale. J'accuse la haine si elle ne sait se concevoir de classe. J'accuse ces pédophiles politicards de baiser et tuer l'enfance en chacun de nous. J'accuse l'ignorance de se conforter dans la bonne conscience d'un Savoir, digéré par un pouvoir gargantuesque. J'accuse les optimistes s'ils ne savent être pessimistes des réalités existantes. J'accuse l'homme d'avoir fait du loup un chien et de l'homme son esclave. J'accuse cette aristocratie promue en Cour boursière d'être ce qu'elle n'est pas, aristocrate, et ce qu'elle est, assassine du genre humain. J'accuse l'homme d'être prédateur de toutes les espèces, végétales et animales, et de la sienne en particulier.

Je vous accuse en m'accusant d'être ce que nous sommes, mais critiques cependant, ce qui nous autorise à nous prétendre différents.

En vous espérant bonne accusation de ce vrac accusateur.

Charlie BAUER (Sociologue)